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Les étangs de Brenne dans l'histoire

La création d'étangs destinés à la pisciculture émerge de manière significative au plus tard au début du XIVe siècle au gré notamment de l'accroissement des besoins alimentaires des populations urbaines. La présence d'étangs est toutefois attestée en Brenne dès le Moyen Age central (ex : Etang du Grand Mezà Méobecq). Le formidable essor de la pisciculture en étangs est conduit par les élites rurales (notamment par les abbayes de Saint Cyran, de Méobecq, de Fontgombault, des seigneuries laïques telles celles du Bouchet, de Mézières-en-Brenne ou de Lancosme). Une innovation zo0-technique, aux environs du XIII siècle vient certainement aider le développement de la pratique : l'introduction en France de la carpe danubienne (la future carpe domestique) dont le potentiel en matière d'élevage, la qualité nutritionnelle et l'étonnante résistance au transport en font rapidement le principal produit des étangs. Le passage d'une pêche de cueillette à la pisciculture en étangs spécialisés telle qu'on la connaît encore de nos jours est né de cette situation. Quelques années après la Révolution, la question de la subsistance devient si grave qu’est instaurée, en 1793 pour les étangs restés symbole de pouvoir, une politique de desséchement qui encourage l’ensemencement malgré une terre peu fertile afin d’y récolter du blé. Cela conduit Danton à déclarer de manière fracassante devant la Convention : « Nous sommes tous de la conjuration contre les carpes et nous aimons mieux le règne du mouton ! ». De nombreux étangs abandonnés ou mal entretenus à la suite de cette période étaient, au milieu du XIXe siècle, devenus des plans d’eau improductifs, parfois jugés insalubres, couverts de joncs, de roseaux et de mottes. Seule une surface restreinte demeurait en eau libre et faisait l’objet de maigres pêches. Un mouvement hygiéniste, accusant ces surfaces humides de concourir à la mauvaise santé des populations (le paludisme et son syndrome du « ventre jaune »), conduit les autorités à privilégier de nouveau le « desséchement » de certains étangs. Cette période dite de « l’assainissement de la Brenne » est encouragée par l’administration de Napoléon III, et voit la création d’un vaste réseau routier pour faciliter l’agriculture avec la promesse aux nouveaux exploitants, d’une qualité de vie meilleure. La Brenne n’est pas devenue la grande région agricole espérée par Napoléon III, les terres ne s’y prêtaient pas, et la population locale ne s’est finalement jamais détournée des étangs et de la pisciculture. A la fin du XIXe siècle, la pisciculture reste très proche de ce qu’elle était au Moyen Age dans ses pratiques et par ses savoir-faire.

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