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Un paysage artificiel

La Brenne et ce qu’elle est aujourd’hui d’un point de vue de son paysage, de son bâti et de sa culture, trouve ses origines à la fois dans la conjonction de sa géologie, de sa topographie et des opportunités qu’elles ont créées pour les sociétés qui s’y sont installées. -Une géologie particulière Le sous-sol de la Brenne est principalement constitué de sédiments de nature siliceuse (sables et argiles) charriés par des torrents au milieu de l’ère tertiaire qui se sont accumulés dans une cuvette de l’extrémité sud-ouest des assises calcaires du Bassin parisien. Certains sables en surface de ce mur de sédiments se sont amalgamés pour constituer les grès de surface (gris et rouge). Ces derniers ont subi l’érosion de l’eau et de l’air pour former de petites buttes appelées « buttons », indissociables du paysage emblématique de la Brenne. L’altération de certains sédiments au cours du Tertiaire a conduit à la formation de concentration en oxydes de fer sous la forme de pisolithes lesquels en tant que minerai de fer, ont été exploités par l’homme dès l’Antiquité. -Une forêt sidérurgique antique dégradée au cours du Moyen Age En effet, les prospections archéologiques ont conduit à la découverte d’un très grand nombre de sites de production (des ateliers de réduction du fer) implantés à proximité de réserves minérales (minerai pisolithique) et au plus près des réserves forestières (pour le combustible). L’ancienne forêt, certainement déjà modifiée à l’Antiquité, a fait l’objet de déboisements importants au cours du Moyen-Age, consécutivement peut-être à la poursuite d’une sidérurgie mal coordonnée mais plus certainement au surpâturage et à l’extension progressive de l’espace agro-pastoral. La régression de la couverture forestière a favorisé l’érosion des sols dont l’hydromorphie s’est trouvée révélée par la disparition de « l’effet-pompe » racinaire des arbres. -Une zone humide continentale artificielle La particularité de la Brenne est d’être une zone humide continentale artificielle, c’est-à-dire dont l’humidité a été favorisée, au cours des périodes historiques, par la pression de l’homme sur son environnement ; dans un premier temps par le déboisement puis à partir du milieu du Moyen Age par la multiplication des créations d’étangs de pisciculture. Le sous-sol, imperméable à l’eau, est ici une chance pour l’implantation de tels aménagements hydrauliques. Par ailleurs, les sols de Brenne à dominante argileuse et sablonneuse, avec des PH naturellement acides et des teneurs en matières organiques relativement faibles, étaient peu aptes à accueillir l’agro-pastoralisme conventuel. De ces choix sociétaux et de cet environnement particulier est né un paysage nouveau fait, d’étangs, de pâturages, de buttons et de brandes au caractère humide saisonnier. -Topographie et hydrographie Il est coutumier de présenter la Brenne comme une terre sans relief, ce qui paraît être l’aspect caractéristique d’une zone humide. La réalité est un peu différente, car la Brenne s’apparente à un vaste glacis aux plans faiblement inclinés (2,5 m par km de dénivelés), globalement orienté vers l’ouest et ponctué d’innombrables buttons qui peuvent dépasser 15 mètres de haut. En Brenne, une chaîne linéaire de ces éminences forme la ligne de partage entre les bassins versants de la Claise et ceux du Suin. -Une opportunité : la création d’étangs Dès lors qu’étaient réunies une masse d’eau maîtrisable et une pente raisonnable, les conditions d’aménagement d’un système hydraulique vidangeable et donc celle de la création d’étangs destinés à la pisciculture étaient possibles. Elle émerge de manière significative au plus tard au début du XIVe siècle au gré notamment de l’accroissement des besoins alimentaires des populations urbaines. La présence d’étangs est toutefois attestée en Brenne dès le Moyen Age central (ex : Etang du Grand Mez à Méobecq).

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